Un Psy et Coach à Nantes et Paris
Frédéric LE MOULLEC
Un Psy et Coach à Nantes et Paris
Frédéric LE MOULLEC
Individualistes ?
Lu hier matin dans le journal ce témoignage d’un étudiant en Master de 27 ans, qui a du mal à joindre les deux bouts et fait contre mauvaise fortune bon cœur tant que lui et ses proches ont de quoi manger (sic !) : «On devient tous individualistes, pour se protéger.» Et c’est vrai que l’on peut mesurer la bonne santé d’une société à son faible degré d’individualisme.
Mais attention : cet individualisme-là est un «individualisme faux», comme le spécifiait Oscar Wilde, un individualisme défensif, de repli sur soi, qui confine à la survie et va de paire avec un individualisme offensif, celui incarné par ceux qui s’arrogent plus de droits que de devoirs au sein d’une société. Et l’un ne va jamais sans l’autre.
«L’individualisme véridique», pour reprendre Oscar Wilde, celui qui serait le signe d’une société en bonne santé, est tout autre. Il touche à la confiance, tant il lui est éminemment nécessaire : se faire confiance, c’est veiller à l’équilibre de ses droits et de ses devoirs, de son pouvoir et de sa responsabilité, dans le respect des singularités chacun et dans un rapport de réciprocité dont toute “bonne” société est la conséquence. La confiance n’est pas capitaliste mais démocratique. Elle s’établit dans l’interdépendance subtile des êtres et des choses en mouvement perpétuel.
On n’a pas confiance, on se fait confiance. La Confiance, tant individuelle que relationnelle ou collective, n’est jamais acquise a priori, ce n’est pas une théorie, pas plus que ce n’est un trait de personnalité, c’est une pratique qui se remet en jeu chaque jour et qui demande donc courage et bienveillance (car la confiance induit le droit à l’erreur, l’échec, l’égarement, sans pour autant l’exonérer). La Confiance se crée, s’entretient et se développe comme elle peut se défaire et disparaître si on ne la veille pas comme un feu. Elle n’est jamais définitivement acquise, mais on peut toujours la pratiquer.
Si je manque de confiance, en moi, en l’autre, c’est que je m’autorise ou autorise à l’autre moins que ce que je m’impose ou lui impose.
Si je pèche par excès de confiance, en moi, en l’autre, c’est que je m’autorise ou autorise à l’autre plus que ce que je ne m’impose ou ne lui impose.
Nous devons chacun veiller à cela, si nous voulons faire ou re-faire société, si nous voulons être des individus à part entière, ensemble ; à cet équilibre subtil qui associe ces contraires que sont autorisations et obligations, droits et devoirs, pouvoir et responsabilité d’autrui comme de soi-même. Car une société sans personnes individuellement et collectivement confiantes ne peut pas exister bien longtemps, tout au moins de manière paisible.
Une dernière chose, qui revient souvent lorsqu’on aborde le sujet de la Confiance : la Confiance ne demande pas de preuves a priori, la Méfiance, si.
Photo : sculpture située près du Musée Guggenheim de Bilbao, représentant un individu, dont j’ai oublié le nom et les actions, qui a beaucoup compté pour les habitants de Bilbao et du Pays Basque espagnol...
jeudi 10 novembre 2011