Un Psy et Coach à Nantes et Paris
Frédéric LE MOULLEC
Un Psy et Coach à Nantes et Paris
Frédéric LE MOULLEC
Le symptôme est un roman
Un symptôme est une possibilité de rencontre avec soi-même. Le mot symptôme signifie d’ailleurs littéralement ce qui survient avec. Un symptôme pour lequel on consulte est donc une manifestation psychique ou somatique irrépressible dont on souffre, le plus souvent, qui survient toujours avec une part de soi cherchant à nous interpeller et qu’on a trop longtemps ignorée. C’est pourquoi le symptôme demande accueil et médiation plutôt que combat et solution. C’est un bien qui fait mal, et un mal pour un bien.
On ne doit donc jamais chercher à faire disparaître un symptôme — au risque de le déplacer, de l’étouffer et le faire resurgir plus tard, amplifié, parce que cette part de soi cherchant à nous interpeller cherchera à mieux se faire entendre encore, à crier plus fort —, mais à écouter ce qu’il veut nous signifier avec la part en nous qui ne peut s’exprimer. Sans quoi, on ne remontera jamais à la source qui l’irrigue, afin que la souffrance ou le mal-être prennent fin.
C’est, par exemple : « je fais de véritables crises d’angoisse et de panique (symptôme générique)... j’ai peur de tomber dans les pommes, de m’évanouir en public (ressenti lié au symptôme générique)... j’ai toujours pensé que j’étais un bon à rien, que je ne valais pas grand chose... je crois que j’aurais eu besoin d’être mieux soutenu quand j’étais enfant (part en soi qui souffre)... je fais tout ce que je peux pour être le numéro 1 dans mon boulot et ça m’épuise (symptôme compensatoire), mais j’aime ça, ça me rassure (ressenti lié au symptôme compensatoire)... en fait, je crois que j’ai une sainte horreur de la faiblesse (source du symptôme générique et de la part en soi qui souffre)...»
Voici donc une personne qui a besoin d’être rassurée sur elle-même en permanence, ce qu’elle cherche à faire massivement dans son boulot, mais surtout, de se reconnaître elle-même pour ce qu’elle est, indépendamment de ses échecs comme de ses succès, en se donnant notamment le droit à la faiblesse et en devenant pour elle-même le propre soutien qu’elle n’a pas eu en son temps. Pour l’instant, elle n’a pas le droit de se montrer faible, sinon elle ne pourrait se reconnaître un tant soit peu de valeur, et elle n’a donc pas le droit de tomber dans les pommes, de s’évanouir, c’est absolument hors de question ! Mais tout lui fait croire qu’elle le pourrait « puisqu’elle ne vaut rien », et cela lui est insupportable. Car, derrière, il n’y aurait plus rien, que le gouffre jusqu’au vide ! Elle est dans le devoir d’être au lieu d’être dans le droit d’être. Et la part en elle qui souffre appelle à l’aide et dit à elle-même : « j’ai peur, rassure-moi, dis-moi que j’ai de la valeur, au delà de mes réussites, au delà de mes échecs, que tu seras toujours là pour moi, quoi que je fasse...» Et ne voyant rien venir, sa peur augmente jusqu’à l’angoisse et la panique.
Au fond, le symptôme se lit comme un roman, c’est une métaphore de ce que nous vivons depuis toujours, une sorte de rêve ou plutôt de cauchemar éveillé, et qui, toujours, fait sens, nous montre quelque chose. Et souvent, un roman nous en apprend bien plus sur la vie que la vie elle-même !
À vos romans !
Photo : une langue de terre et de sable s’avançant dans la mer, à Pen Lan, dans le Morbihan, autour de la mi-avril
mercredi 25 avril 2012