Un Psy et Coach à Nantes et Paris
Frédéric LE MOULLEC
Un Psy et Coach à Nantes et Paris
Frédéric LE MOULLEC
Mobiles ou motifs ?
Tout le monde a vécu un jour l’expérience du syndrome des grandes résolutions de rentrée qui ne durent, la plupart du temps, qu’un (trop court) moment. Et combien de fois nous y sommes-nous laissés prendre, avant de jeter l’éponge, définitivement résignés ? Si être motivé est accessible à tout un chacun (« le système nerveux est fait pour agir », comme le disait si simplement Henri Laborit), le rester est une tout autre affaire. Cette alternative ne pose donc pas tant la question du quoi mais du comment de la motivation. Et il faut bien reconnaître que les embûches comme les fausses directions abondent. C’est ce dont il était question lors de ce Café Psy de rentrée, où la motivation était palpable, en attendant qu’elle se montre durable.
La motivation est un phénomène méconnu parce que nous nous connaissons encore trop peu, nous autres êtres humains. Nous avons perdu le contact avec notre nature profonde et, plus embêtant, nous pensons que nous pouvons la forcer à loisir. Les domaines du sport et de l’entreprise, qui se sont faits les chantres du thème, ne sont pas plus avancés et entretiennent même les fausses idées sur la question. En est-ce le signe ? Ils abordent cette question plutôt par le verbe être que par le verbe rester. Peut-être aussi parce que le devenir de leurs employés ne les intéresse pas beaucoup, allez savoir.
Au delà de nos besoins instinctifs comme boire, manger, se reproduire, entre autres, il existe donc deux grandes sources de motivation humaine. L’une est naturelle et spontanée (coule de source !), l’autre est artificielle et fabriquée (et demande des aménagements constants !). La première est de l’ordre du pouvoir personnel (désirs, goûts, attraits...), la seconde est de l’ordre de la volonté personnelle (nécessités, raisons, obligations...). Et chacun a pu constater par lui-même que quand on veut, on ne peut pas toujours ou pas longtemps. Alors que quand on peut, on a toujours le choix... de vouloir ou pas !
Ces deux sources de motivation sont tout aussi utiles, elles se complètent même, mais ce n’est pas une raison pour les confondre. Car si la première donne une motivation durable et permet donc de rester motivé, la seconde donne une motivation éphémère et permet seulement d’être motivé à un moment donné. Si la première nous permet d’accomplir de “grandes” choses (pour soi) s’inscrivant le plus souvent dans la durée, la seconde nous permet tout juste de gérer les affaires courantes ou d’amorcer une action. Si la première est faite de mobiles (qui nous poussent à agir), la seconde est faite de motifs (qui nous forcent à agir). Si la première est spontanée, la seconde est raisonnée. Si la première donne du souffle et nous porte, la seconde prête de l’énergie et nous épuise, le souffle ne disparaissant que lorsqu’on est empêché de respirer. Si la première se satisfait d’elle-même, la seconde se satisfait presque exclusivement du résultat obtenu, quand il est conforme aux attentes ! Si la première est intérieure et ne concerne que nous-mêmes, la seconde est extérieure et ne dépend pas tant de nous, à bien y réfléchir. Si la première est agréable, la seconde est plus ou moins pénible.
Comment trouver la source, alors, de notre motivation durable? En se posant une question très simple : « comment ai-je envie de faire ce que j’ai à faire ? » ou encore « avec quelle manière de faire suis-je le plus à l’aise ? ». Et de choisir, par ailleurs, quand on en a le pouvoir, des activités qui nous permettront d’exprimer ces manières de faire et d’être. La motivation qui dure répond donc à un comment plutôt qu’à un quoi faire. C’est une question de personnalité. Voilà pourquoi la motivation est un sujet aussi complexe, parce que c’est une affaire avant tout particulière. Elle ne répond à aucune loi générale, si ce n’est celle-ci même !
Photo : Dormir ou se reposer, plus qu’une nécessité ou un motif, plus qu’un besoin ou une activité pour le chat Waza, un véritable mobile ! Ça se voit, et surtout, ça se ressent !
mercredi 19 septembre 2012