Un Psy et Coach à Nantes et Paris
Frédéric LE MOULLEC
Un Psy et Coach à Nantes et Paris
Frédéric LE MOULLEC
Rêve
Un rêve est le produit unique d’une personne unique. Sa valeur vient de ce que son auteur est ce qu’il est, en aucun cas de ce que les autres, quels qu’ils soient (même « je est un autre » !), pourraient en dire. Et une personne qui rêve est d’abord et avant tout une personne qui dort. Et la personne qui dort n’est pas tout à fait la même personne que celle qui veille!
En effet, le rêve survient principalement, pas seulement mais principalement, lors de la phase de sommeil paradoxal, appelée ainsi car le corps est alors dépourvu de tout tonus musculaire (on le dit en atonie), comme bloqué dans son immobilité, quand le cerveau présente des signes d’activité dignes de la période d’éveil. Mais tous les organes du cerveau ne sont pas au rendez-vous : manquent notamment à l’appel, parfois cruellement, le cerveau préfrontal, à la source de notre intelligence inconsciente, garante de notre cohérence, ainsi que la partie du cerveau limbique à la source de notre conscience spontanée et de nos apprentissages sociaux. Restent alors les parties les plus basses et les plus profondes du cerveau, les plus archaïques, et notamment notre centre émotionnel, constitué par les amygdales limbiques, ainsi que l’hippocampe en charge de notre mémoire autobiographique. Ceci explique que les rêves du sommeil paradoxal soient non seulement très émotionnels voire pulsionnels, d’autant plus que le cerveau préfrontal censé réguler l’activité des amygdales limbiques est complètement endormi, mais également incohérents voire absurdes, plusieurs époques de souvenirs pouvant se croiser, l’hippocampe semblant œuvrer alors en toute liberté à une sorte de “défragmentation de son disque dur” lors de la phase de sommeil paradoxal.
La prudence doit donc être de mise dès lors que l’on tente d’interpréter un rêve. Celui-ci est intéressant dans le sens où il reflète des parties méconnues de nous-mêmes, les parties les plus inconscientes (mais aussi les plus bêtes !), qui sont tout autant à l’œuvre mais de façon moins évidente lors des périodes d’éveil, comme il nous permet de revisiter les épisodes de notre vie personnelle. Mais dans quel chaos et avec quelle partialité donc ! Nous ne sommes pas nos rêves. Nos rêves ne sont que l’expression d’une partie réduite de nous-mêmes, celle qui peut être à l’origine de notre sentiment exagéré de culpabilité ou au contraire de toute-puissance, par exemple, quand nous sommes éveillés : une bonne occasion d’en avoir le cœur net et d’y remédier. Mais plus que d’être interprétés, nos rêves ont besoin d’être écoutés, sentis, si nous souhaitons qu’ils nous soient utiles, ce qui n’est pas dit !
« Le cerveau est loin d’être une métaphore, c’est un organe qui fonctionne», comme le dit si bien le Professeur Jacques Touchon. Le rêve en est l’un de ses multiples produits.
Photo : pêcherie du Portmain dans le soleil couchant, un soir d’octobre
vendredi 20 décembre 2013