Un Psy et Coach à Nantes et Paris
Frédéric LE MOULLEC
Un Psy et Coach à Nantes et Paris
Frédéric LE MOULLEC
Humain
On manque parfois, plus souvent peut-être, d’humanité, jamais de capacités humaines. Humains, pas assez humains, serais-je tenté de dire. «Choses humaines, hélas ! trop humaines !» déplorait pourtant Nietzsche. Tout dépend depuis quel point de vue on regarde ! À moins, en effet, qu’être humain, comme le disait encore Nietzsche, ce soit «cette corde tendue entre la Bête et le Surhomme — une corde par-dessus un abîme», qui expliquerait sans doute les angoisses propres à l’être humain ? Car nous sommes une drôle d’espèce, à la fois humaine et animale, une espèce ambiguë, qui pousse de deux côtés et se fissure immanquablement. Comment pousser dans un même sens pour rejoindre la rive de l’humanité pleine et entière ? Sans doute en suivant les flots de notre conscience, car qu’est-ce qui distingue le plus l’homme de l’animal qu’une conscience de lui-même et du monde qui l’entoure plus extensible, si ce n’est plus étendue ?
Les neurosciences nous ont appris que cette extension possible de conscience, et même de plus en plus probable à mesure que l’on s’y exerce, va puiser sa source juste derrière notre front, dans le cerveau préfrontal, un cerveau particulièrement développé chez l’être humain, mais du registre de l’inconscient. On sait aussi désormais, IRM à l’appui, que c’est la région du cerveau que stimulent tous les méditants depuis la nuit des temps, non pas tant pour être sages ou paisibles que pleinement conscients d’eux-mêmes et du monde qui les entoure, et ainsi faire plus de lumière sur les problèmes rencontrés. On sait encore que le cerveau préfrontal joue un rôle fondamental dans l’appréhension de l’inconnu et la régulation des émotions.
C’est peut-être le poète Henri Michaux qui parle le mieux de l’exercice auquel nous aurions intérêt tous autant que nous sommes à nous adonner alors, quand il écrit : «C’est à un combat sans corps qu’il faut te préparer, tel que tu puisses faire front en tout cas, combat abstrait qui, au contraire des autres, s’apprend par rêverie.» C’est cette rêverie en effet qui permettrait d’étendre notre conscience jusqu’à être pleinement humains ou « surhumains » pour reprendre Nietzsche. Comment ? En cherchant consciemment et régulièrement, dans les différentes situations de notre vie, comment adopter jusqu’à les incarner, les six capacités dont nous dote inconsciemment le cerveau préfrontal : curiosité sensorielle (y compris pour ce que l’on connaît déjà parfaitement ou ce qui nous rebute) ; acceptation (surtout, bien sûr, de ce que l’on n’aime pas, mais sans résignation pour autant) ; nuance ; relativité ; réflexion ; singularité.
Le programme («surhumain»?) de toute vie... humaine, pleinement humaine !
Photo : peinture de Justine Nessi, passionnée par les visages humains, dont vous pouvez apprécier quelques œuvres ici.
vendredi 28 juin 2013