Un Psy et Coach à Nantes et Paris
Frédéric LE MOULLEC
Un Psy et Coach à Nantes et Paris
Frédéric LE MOULLEC
Stressé
Avec un mot comme ça, on est habillé pour l'hiver. On peut même voyager loin et longtemps. Mot valise par excellence, à double, à triple, voire sans fond, on peut tout y mettre : le bon, le mauvais, le nécessaire, le douloureux, le prodigieux, le délétère. Ce n'est pas un compliment, pas plus une injure, un droit de fait, que notre inconscience nous octroie, car naturel et instinctif, donc indépendant de notre volonté. Il est ainsi illusoire de vouloir combattre le stress, pas moins de vouloir le contrôler ou le gérer, mais le traverser plus sûrement, et donc ne pas l'éviter, pour en identifier et réguler ce qui le déclenche. Car si c’est un droit, il ne nous exonère pas d’un devoir, d’abord et avant tout envers nous-même : le respect, au sens littéral du terme (observer à nouveau). Qui, sinon, le fera pour nous ?
Le stress est une réalité et un langage, la plupart du temps le signe d'une allergie psychique. Car il faut distinguer le stress comportemental, physique pourrait-on dire, quand nous sommes en danger pour notre survie immédiate, celui que connaissent épisodiquement tous les animaux, dont nous faisons partie, et le stress cognitif, psychique, propre à l'être humain et issu de nos représentations mentales individuelles comme collectives, qu'elles soient conscientes ou inconscientes, mais aux mêmes effets et bien trop fréquent alors pour nous laisser en bonne santé.
On est stressé de trois manières, aux multiples facettes, ni une, ni deux, ni quatre : quand on est anxieux (état de fuite), quand on est énervé (état de lutte), quand on est abattu (état d’inhibition de l’action).
Qu'est-ce qui distingue le stress de l'émotion ? La force et l'urgence du ressenti.
Sommes-nous obligés d'être stressés pour agir ? Heureusement, non. Pour réagir, sûrement, mais pour agir la nature nous a doté du quatrième état de la matière : le calme (état d’activation de l’action), garant de présence, de lucidité, d'attention et de détermination.
Quand je suis anxieux, j’ai intérêt à me rassurer ; quand je suis énervé, j’ai intérêt à observer ce qui m’entoure ; quand je suis abattu, j’ai intérêt à m'encourager ; c'est aussi simple que cela, mais il y a mieux, à froid : remettre en question mes propres représentations, trop propres pour être vraies sans doute et dont découle mon stress. Car le stress n'est ni fait pour se répéter régulièrement, ni fait pour durer.
«Avez-vous jamais imaginé une vraie réelle liberté», commence à interroger le colonel Kurtz dans Apocalypse Now, «une liberté qui vous permettrait de remettre en question vos propres opinions ?» Car le stress nous dit toujours quelque chose sur nous-même que nous ne voulons pas voir, qui nous limite et dont il nous alerte, et que nous ne pourrons pas toujours éviter, combattre ou supporter. La seule manière qui puisse nous permettre de faire face, alors, est de poser un autre regard, contraire ou simplement complémentaire à celui que nous portons habituellement. Être stressé ou plutôt stressable, c’est comme ne pouvoir circuler que dans un seul sens ; être calme, c’est comme pouvoir circuler sur la même route, dans les deux sens.
Photo : petit matin d’été brumeux à Biscarosse dans les Landes ; l’après-midi fut magnifique !
lundi 23 septembre 2013