Un Psy et Coach à Nantes et Paris
Frédéric LE MOULLEC
Un Psy et Coach à Nantes et Paris
Frédéric LE MOULLEC
Égoïsme...Altruisme
L’égoïsme n’est pas le contraire de l’altruisme, il en est le double constitutif. Et l’altruisme comme l’égoïsme ne sont pas plus des concepts philosophiques ou des abstractions intellectuelles : l’être humain est, par essence, un individu social, comme tous les mammifères ; nous sommes tous et chacun des alter ego les uns pour les autres. Cet oxymore — “individu social” ou “alter ego” (« je est un autre » poétisait Rimbaud) — est donc inscrit dans la chair de l’homme, jusqu’à la contradiction, la contrariété, le tiraillement, le déchirement, la fracture ou la rupture, et explique sûrement que la plupart du temps l’on s’y perde pour aboutir à ce curieux paradoxe : il est plutôt admis que l’homme contemporain serait majoritairement égoïste alors même que l’on constate dans les consultations psy, comme dans la vie de tous les jours, que les personnes souffrent très souvent plutôt par manque d’égoïsme, autrement dit par manque d’attention à soi, d’amour ou d’estime de soi quand il ne s’agit pas d’oubli partiel ou total de soi. Cela ne rend pas altruiste pour autant, pas résolument en tout cas, car par manque d’attention personnelle à soi, on est d’autant plus prompt à demander cette attention aux autres. « Un égoïste, c’est quelqu’un qui ne pense pas à moi », disait Eugène Labiche : joli pied de nez !
L’excès d’altruisme, violemment encouragé par la morale à travers les âges, est assez souvent la cause d’un égoïsme défaillant qui rend excessivement égoïste de façon réactionnelle ou compensatoire, et parfois trop secrètement: cercle vicieux ! Au fond, on pourrait dire que pour être un égoïste véritable, il faut être un altruiste pour soi-même. Et si l’on s’y astreint avec attention, on sera mieux à même de se tourner résolument vers autrui, de toute bonne foi. C’est là où égoïsme et altruisme se rejoignent et s’équilibrent, car n’oublions pas : l’être humain est un individu social, qu’il le veuille ou non, c’est inscrit dans ses gènes.
Cet égoïsme qu’il est courant de brocarder n’existerait donc pas ? Bien sûr que si. Mais il est très loin d’être majoritaire, et cet égoïsme-là, qui n’est ni réactionnel, ni compensatoire, qui ne pèche pas par défaut mais par excès, fait plutôt souffrir les autres que moi ! C’est la raison pour laquelle, il est très rare de le croiser dans les consultations psy. Mais à confondre l'égoïsme par défaut avec l’égoïsme par excès, on ne se facilite pas les choses : l’égoïsme par excès prend d’autant plus de place ou se montre d’autant plus problématique pour la vie en société que l’égoïsme par défaut est répandu, conduisant à un altruisme général de piètre qualité, car l'égoïsme et l’altruisme ne sont alors plus... solidaires !
Photo : représentation sculptée du coup de tête de Zidane sur Materazzi lors de la Finale de la Coupe du Monde 2006 ou quand deux alter ego se rencontrent...
mercredi 17 décembre 2014