Un Psy et Coach à Nantes et Paris
Frédéric LE MOULLEC
Un Psy et Coach à Nantes et Paris
Frédéric LE MOULLEC
Différences
Assez naturellement, les différences effraient. La bête en nous s’affole, fait parler nos instincts de protection, au choix si l’on peut dire puisque c’est instinctif donc involontaire si l’on n’y prend pas garde : évitement, agressivité, repli sur soi. Car, dans la nature sauvage, ce qui est autre, “pas comme soi”, et qui l’affiche, peut être dangereux pour sa propre survie comme pour celle de ses congénères. En somme, c’est un réflexe à la fois égoïste et altruiste, ou plutôt alter-égoïste !
Le racisme, le sexisme comme l’homophobie viennent de là, terriblement encouragés par toutes sortes de justifications trop rationnelles pour être vraies et cherchant seulement à calmer, bien mal, l’emballement des émotions de la bête en nous, qui ne dort que d’un œil. Pas facile dans ces conditions d’être dans des relations... humaines, ou mieux de s’engager dans une véritable communication (ni politicienne, ni publicitaire, mais authentique dans le sens où elle engage une autorité responsable) sans laquelle il ne peut y avoir de société humaine durablement épanouie. Méfions-nous de la nature sauvage, écrit Elfriede Jelinek. Puissions-nous entendre cet avertissement comme un appel à la raison sensible de l’humain qui siège en nous au moins tout autant que la bête, mais celui-là pour le meilleur et celle-ci pour le pire.
Parfois, l’autre, l’étrange, l’étranger, le bizarre, le différent donc, siège en soi («je est un autre», «on n’est pas seul dans sa peau» disent les poètes), et c’est contre soi-même alors que l’on entre en guerre. Cela n’aide pas à aller bien car cela n’aide pas à entendre et à intégrer des forces de vie qui ne demandent qu’à exister, et on ne sera jamais de taille à leur résister. La vie veut vivre, et c’est une montagne à décrocher les étoiles qui a les pieds tout au fond de la mer. Il n’y a pas de vie sans diversité comme il n’y a pas de vie sans déterminisme, la vie ne peut se faire ni sans l’une ni sans l’autre.
Mais les différences existent-elles réellement ? Ne valent-elles pas surtout par le point de vue depuis lequel on regarde ? Et si on changeait de point de vue, si on l’étendait, ne verrait-on pas une particularité, une singularité inoffensive là où on ne voyait que de l’étrange inquiétant ? Sans oublier qu’accepter ou respecter — ce qui est déjà pas mal — n’est pas aimer, loin de là.
Laissons donc le poète conclure : « On n’est pas obligé d’être semblables pour communiquer », et l’honnête homme y mettre le point final non sans une ouverture prometteuse : mais l’on se doit de communiquer pour être des semblables (i.e. des êtres humains).
Photo : le mur tombé à Nantes le 26 mai 2011, et figurant les différentes personnalités qui ont marqué l’histoire de la Ville — par la Compagnie Royal de Luxe. Il faut de tout pour faire un monde !
mercredi 2 juillet 2014