Un Psy et Coach à Nantes
Frédéric LE MOULLEC
Un Psy et Coach à Nantes
Frédéric LE MOULLEC
Plaire
Si nous étions vraiment les êtres vivants que nous sommes profondément, chercherions-nous autant à (se) plaire ? Si nous nous contentions de notre condition d’êtres vivants ? Telle la rose qui fleurit parce qu’elle fleurit. Parce qu’elle est, sans pourquoi, sans autre pourquoi que d’être là.
Oui, mais voilà : nous ne sommes pas seulement des êtres vivants, nous sommes des êtres humains, pleins de pourquoi, tellement volontaires, rationnels, psychologiques plus que biologiques, et inquiets de la plus petite incertitude sur notre raison d’être. Qui plus est, nous sommes des êtres tellement grégaires ; notre volonté humaine a tellement poussé cet instinct qu’il n’est plus seulement une première nature, mais qu’il en est devenu une seconde, autrement dit une culture, si arrosée depuis des millénaires qu’elle a produit des plantes envahissantes qui, trop souvent, nous empêchent d’être ce que nous sommes : nous ne pouvons plus faire un pas sans l’Autre, sans nous comparer, nous mesurer, jusqu’à l’envie, la jalousie, l'égoïsme, la rancœur ou la rancune, jusqu’à la guerre parfois ; sans nous rassurer sur notre propre valeur, aussi, dans ses yeux. Alors il nous faut plaire, ce n’est pas seulement, et loin de là, une manière d’être délibérée, mais plutôt une obligation, un besoin plus qu’un désir, une nécessité plus qu’une liberté.
Mais comment savoir ? Comment savoir que nous sommes plus dans l’obligation de plaire que dans la liberté de plaire ?C’est très simple : imaginons-nous dans la situation où nous déplairions, par nos paroles, par nos actes, par nos manières d’être, aux personnes qui nous sont les plus chères ; imaginons-nous dans la situation où nous serions à notre désavantage en public... Si nous ressentons de la peur, de l’angoisse, de l’inquiétude, de la tristesse, du découragement, ou bien encore de l’agacement, de la rébellion, nous avons besoin de nous protéger, nous ne pouvons pas vraiment faire face à la situation : nous ne sommes pas libres. Nous ne sommes pas comme la rose, «qui fleurit parce qu’elle fleurit, n’a pour elle-même aucun soin, ne demande pas : suis-je regardée ? ». Mais nous pouvons imaginer être la rose, nous sommes la rose, qui est vraiment ce qu’elle est, qui laisse la pluie glisser sur ses pétales et s’épanouit au soleil. Sans plus y réfléchir. Et si nous pouvons l’imaginer jusqu’à le ressentir, alors nous pouvons le vivre. Nous pouvons plaire sans avoir besoin de plaire. Nous trouvons à plaire ou pas, sans le rechercher. Et nous sommes paisibles.
Photo : Jokorda, guérisseur à Bali — portrait réalisé par François-Xavier Esambert
jeudi 19 février 2015