Un Psy et Coach à Nantes
Frédéric LE MOULLEC
Un Psy et Coach à Nantes
Frédéric LE MOULLEC
Burn-out
Avant d’être “out”, le “burn” est “in”. C’est la raison pour laquelle le burn-out n’est pas si facile à prévenir, tout au moins quand on se situe déjà à l’extérieur... de soi comme des autres ! Nous vivons depuis longtemps dans une société qui a violemment encouragé les individus à taire leurs émotions, et l’abus typiquement humain de la pensée tend à nous couper presque naturellement de nos ressentis et autres sensations corporelles. C’est sans doute d’ailleurs pour cette raison (encore elle !) que les émotions ressortent avec tant de force ou excès lors des événements catastrophiques qui ne manquent pas de se produire. Comme le chantait Brel, « il faut bien que le corps exulte ». Or, il n’y a qu’une manière réellement efficace de prévenir le burn-out, c’est d’entendre le burn-in — cette petite musique intérieure de surcharge nerveuse — et de respecter son mouvement naturel en lui permettant de s’échapper, d’une manière ou d’une autre. Nous avons depuis longtemps une expression pour cela : ouvrir la soupape de sécurité. Si nous n’y veillons pas, notre système nerveux le fera sans nous, et sous différentes formes (de la dépression brutale à la crise de panique en passant par la parole ou l’acte violent, “au choix”) en disjonctant de lui-même, et c’est bien cette phase de décharge nerveuse massive que l’on appelle le burn-out.
Moins on entend et exprime “cette petite musique intérieure de surcharge nerveuse” et plus on s’expose à cette réaction, aussi violente qu’elle est involontaire et donc très probablement nécessaire, du burn-out. Et bien sûr un monde qui incite et engage les individus à participer à une course effrénée à la performance et à la reconnaissance sociale les expose d’autant, et plus sûrement les moins résistants qui sont en fait les plus respectueux de l’ordre social, à cette véritable “crise de nerfs”. Le burn-in puis le burn-out constituent les signes que notre mode de fonctionnement individuel — notre condition d’être vivant — n’est plus respecté ; le burn-out est la révolte involontaire de notre système nerveux contre ce qui le force à vivre, autrement que ce qu’il est. En ce sens, le burn-out est une chance, mais probablement une chance ultime, de se retrouver, comme on est, fondamentalement.
Si les organisations sociales, par leurs objectifs et leurs modes de fonctionnement actuels, exposent plus que jamais les individus au burn-out, les individus y prennent bien sûr leur part, soit en s’engageant de manière sourde et aveugle dans ce qui leur est proposé ou plus sûrement peut-être imposé, soit en le subissant par excès d’obéissance. Et si rien en soi ne se révolte et n’imagine une autre manière de prendre part à ce que les organisations sociales proposent ou imposent, alors on ne pourra pas débrancher le courant causant la surcharge puis la décharge nerveuse, et donc la cause du burn-out. Il en va de la responsabilité de chacun, sans pour autant oublier celle, majeure, du collectif et de ses représentants dont la responsabilité n’est pas la moindre. Les manifestations, c’est le cas de le dire, de burn-in ou de burn-out, posent une question à la fois individuelle et collective : quelle vie voulons-nous mener, ensemble et chacun, et pour quoi faire ? Cela pose en filigrane la question fondamentale qu’est-ce que c’est qu’être un être vivant grégaire dans le monde d’aujourd’hui ?, et bien au-delà de la première question qui nous viendrait assez égoïstement à l’esprit : qu’est-ce que c’est qu’être un être humain aujourd’hui ?
Photo : même un vieux compteur peut faire l’affaire pour nous renseigner où nous en sommes de notre consommation nerveuse...
lundi 11 mai 2015