Un Psy et Coach à Nantes
Frédéric LE MOULLEC
Changer
On peut tourner longtemps autour du pot, avant de tomber dedans et décider de changer certaines de nos manières d’aborder les choses. On peut même rester dans le pot sans rien décider du tout, comme une guêpe engluée dans de la confiture sous le soleil d’été d’un ciel bleu trop parfait. La souffrance nerveuse veillera d’autant mieux alors. On doit la remercier. Elle peut même s’installer à demeure, par simple habitude. Elle devient une amie fidèle de notre infortune, dont on ne peut plus même se passer ; parce que c’est comme ça qu’on tient ou parce qu’elle nous tient. Du moins c’est ce qu’on croit. On est plus souvent dupe de soi-même.
Tout part donc de la décision de changer notre manière d’aborder certaines choses. Reste toujours à savoir si cette décision de changer est bien réelle. On peut le croire, parce que l’on est animé d’une volonté farouche. Mais de quelle volonté s’agit-il ? La volonté de changer quelque chose de notre posture ou la volonté de ne plus souffrir ? Encore une fois, on est plus souvent dupe de soi-même. L’enfer c’est sûrement plus soi-même que les autres. C’est une très bonne nouvelle. Car si l’enfer tient beaucoup plus à soi qu’aux autres, c’est que nous avons beaucoup plus de pouvoir que nous ne le pensons. Il faut se tenir alors dans cette méfiance de soi créatrice.
Le vouloir n’est pas grand chose si l’on ne s’engage pas dans l’action qui la réalise, même passive, sans trop y croire au début, mais c’est déjà ça ; si l’on ne s’y essaie pas, si l’on n’assimile pas une certaine posture, plus réelle ou plus vivante. Ne plus souffrir n’est pas une action, changer si. Il vaut toujours mieux voir que croire. Mais l’engagement dans l’action inhabituelle fait toujours resurgir la souffrance nerveuse. Par manque d’habitude. Ou plus sûrement sans doute parce que le gardien du temple qui s’est construit en nous est trop bien dressé à nous défendre plutôt qu’à nous faire aller de l’avant. Pas très engageant, je le reconnais. Et alors ? C’est toujours le faire qui rend réelle une décision. Le faire et le parfaire sans jamais atteindre la perfection, ou si fugacement, car il ne faut pas se faire d’illusions : il n’y a pas de réelle nouveauté sans répétition ni ajustements. Il nous faudra recommencer, persister. C’est là tout l’enjeu de la création. « Je continue parce que ça rate », disait Giacometti. Autrement dit, ce ne sera jamais une affaire de techniques mais de poétique. Cela vient toujours de ce que l’on ne maîtrise pas.
Changer vient d’un mot gaulois qui signifie tourner. Changer va parfois, en effet, jusqu’à faire volte-face, autrement dit jusqu’à se retourner, se révolter. Faut-il vraiment s’en effrayer ? Changer ou souffrir, à nous de voir.
Photo : on mesure l’ampleur du changement au peu de confiture qui reste dans le pot ; on appelle cela la plénitude du vide ou comment se rapprocher du point zéro qui augure le mouvement perpétuel...
Copyright Frédéric Le Moullec - 2, rue Damrémont 44100 Nantes
SIRET 488 924 184 00044 / TVA Intra n° FR 62 488 924 184 / APE n° 8690F
Tous droits réservés - Site réalisé avec Webacappella Responsive