Un Psy et Coach à Nantes et Paris
Frédéric LE MOULLEC
Un Psy et Coach à Nantes et Paris
Frédéric LE MOULLEC
Deuil
Le mot deuil vient du mot douleur, et le mot douleur signifie une souffrance telle qu’elle divise l’individu qui, par définition, est... indivisé ! Cela en dit long sur la force qui frappe les personnes en deuil. Un deuil est donc une souffrance déclenchée par une perte (la mort d’un être cher, la fin d’un amour, l’échec d’un projet, un licenciement...) qui défait moralement, jusqu’à l’effondrement parfois, les individus que nous sommes. Les réactions pour combattre cette division sont bien connues depuis les investigations d’Elisabeth Kübler-Ross : déni, colère, marchandage ou dépression. Peut-on s’en affranchir avant d’atteindre l’acceptation qui signifie la fin momentanée ou durable de la “souffrance qui divise” ? Sûrement, mais il faut en appeler à nos capacités les plus humaines qui ne sont pas si spontanées, et ne pas combattre mais traverser. Cela demande un effort qui s’accorde peu à la force qui nous frappe.
Mais accepter quoi au juste ? La perte assurément, mais la perte de quoi ? De l’être cher ? De l’amour ? Du projet ? Du travail ? Pas si sûr. N’oublions pas que nous sommes des êtres doués d’imagination, pour le meilleur et surtout pour le pire, et que chaque être, chaque objet, est bien plus qu’un être ou qu’un objet, il signifie pour nous bien plus que lui-même. Et c’est par-là même que nous souffrons et que nous nous divisons, que nous nous rassemblerons et que nous nous recréerons : notre cerveau, et l’imagination qu’il produit. Que perdons-nous, en plus de l’être cher, de notre amour, de notre projet, de notre travail, qu’il emporte ainsi avec lui ? Et qu’est-ce que cela signifie pour nous ? À quoi aurions-nous intérêt à nous ouvrir ? Alors faire son deuil, faire (c’est à dire traverser et non pas fuir, lutter ou subir) sa “douleur de perte”, peut aider à cela : accéder à une vérité intérieure bafouée, que nous portons en nous depuis si longtemps sans le savoir, que la perte extérieure ne fait que révéler. Peu importe les étapes par lesquelles nous passons, ce que nous endurons, c’est cette recherche que nous avons intérêt, tôt ou tard, à mener pour sortir de cette double peine qu’est le deuil. Une peine suffit bien.
Et puis, ce qui s’en va n’est pas perdu. Il est là, toujours présent, dans cette uchrotopie qu’est capable de produire notre cerveau, « plus vaste que le ciel, plus profond que la mer », cet espace sans lieu ni temps que peut parcourir notre conscience : loin des yeux, oui, mais près du cœur, ou pas. C’est à nous de décider.
Y a-t-il des deuils sans joies réelles ou imaginées d’avoir été si proches ?
Y a-t-il des chagrins d’amour sans amour ?
Y a-t-il des déceptions sans désirs ?
Faudrait-il renoncer à la liberté de vivre pour être heureux ?
Un deuil nous rappelle toujours au bon souvenir du réel entier de notre être et de notre existence.
Photo : la Place du Commerce à Nantes, vue depuis le Café Flesselles, un jour de travaux et de... deuil, a priori
mercredi 23 avril 2014